

Iri Berkleid vit et travaille à Paris. Après s’être initiée à des techniques expérimentales au laboratoire biologique de la School of Visual Arts à New York, Iri Berkleid développe sa propre cosmogonie autour d’une pratique fondée sur son intervention dans des processus microbiologiques de formation de matière. L’artiste modélise de la cellulose au moment de sa pousse dans des bains de cultures symbiotiques de bactéries et de levures, revisitant ainsi des procédés picturaux et sculpturaux traditionnels à la lueur des principes biologiques qui régissent désormais sa pratique. Ces principes sont devenus sa principale contrainte de création et sa source majeure d’inspiration.
En tentant de transfigurer la matière organique en constante mutation, Iri Berkleid souhaite « déplacer notre appréhension de l’abject et du sublime et questionner notre rapport au corps et à son environnement ». L’artiste envisage chacune des pièces produites par ce double procédé de création comme une multitude d’oeuvres dont elle partage les différents états dans des installations immersives, des performances ou des « oeuvres- documents ».
Sa volonté de transmission est animée par le concept d’« aura » développé par le philosophe Walter Benjamin. Entre abstraction et figuration, les oeuvres finies et stabilisées sous forme de sculptures ou de « tapisseries organiques » gardent les traces de cette activité vitale passée.
Partant à la recherche des marques du psychisme sur la matière, les thèmes abordés par l’artiste esquissent des imaginaires chimériques intimes puisés dans ses rêves ou des mythes sociaux inspirés par des récits contemporains en construction, comme la biopolitique des corps, l’altérité inter-espèce ou la spiritualité en lien avec une nature microcosmique.